La sylviculture audacieuse 
(par Jean-Claude Mangeot)


Je me permets d’avancer une idée qui va à l’encontre de toute une philosophie économique bien rodée au sujet de la culture sylvicole. Du moins, peut- être, bouleverser certains concepts bien ancrés de ce que représente la forêt.

Le rôle d’une Université est d’être à l’écoute, de tester, d’innover et de créer en surfant sur la demande scientifique.

Le bois de Lauzelle, comme nous le savons, est un bois à vocation scientifique et didactique, le reste est plutôt secondaire vu la valeur intrinsèque du bois.

Pourquoi ne pas envisager une approche plus audacieuse : gérer le bois considéré comme étant « mis en défend » dans sa totalité !

Nous le savons tous, la vocation du bois n’est pas économique si on examine toutes les retombées collatérales appréciables que la forêt amène aux usagers et riverains …

Nous pouvons mettre en place une armée de chercheurs, de scientifiques qui générations après générations transmettra un protocole salutaire élaboré maintenant pour pérenniser une nature qui fuit entre nos mains.

Qui d’autre que l’Université pourrait avoir l’audace de ne plus couper d’arbres, de travailler dans le site juste pour améliorer les différents écosystèmes. Qui d’autre que l’Université pour montrer une voie différente basée sur l’analyse, l’observation, l’étude, en essayant de déranger le moins possible.

Nous n’interviendrions que sur des cas particuliers et nécessaires comme par exemple les arbres représentant un danger potentiel.  Nous pourrions analyser avec méthode biotope après biotope et observer comment réagit la mise en place de ce canevas protecteur.

Plus de ces énormes machines qui creusent de profonds sillons qui perdurent encore après des dizaines d’années, qui mutilent, qui écrasent, qui tuent. Nous pourrions analyser l’impact d’une gestion innovatrice sur les écosystèmes, la faune, la flore, la pédologie, etc. Sur la nature simplement. Observer celle-ci sans la contraindre, et sans profit, uniquement parce qu’elle est salutaire. Il n’y a que l’Université pour apporter une réponse vraie étayée par les analyses scientifiques qui auront été réalisées. Nous savons tous que le changement climatique - avec tous ses dérèglements - dont tout le monde s’inquiète peut se contrer entre autres grâce à la forêt. Faut-il encore pouvoir le démontrer et le prouver, ne serait-ce que pour légitimer cette démarche.

Personne n’a encore osé se représenter la forêt sans aucun but lucratif parce que la forêt doit rapporter dans l’esprit de tous. Qui donc d’autre que cette formidable et magnifique machine scientifique qu’est l’Université pourrait l’envisager.

Et parce que le bois de Lauzelle a plus à offrir que des paquets de planches, nous bannirions de notre culture le mot « surcapitalisation forestière » et « devoir de coupe ».

Nous regarderions l’invisible devenu éclatant à nos yeux : oxygène, eau, interconnections végétales et animales… tout un jaillissement de connaissances et de découvertes accessibles et tangibles.  Nous avons tout à apprendre au sein d’un véritable laboratoire de deux cent hectares et ce pour des générations d’étudiants, de chercheurs, de scientifiques qui iront de découverte en découverte.

Je m’engage sur une idée qui peut paraitre une utopie mais qui en réalité est à portée de main.  Pour le bien de tous.

Jean-Claude Mangeot

 

L’idéal n’est pas illusion

Le rêve n’est pas une chimère


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